Je vis (vais) dans un tableau : petite leçon sur la relativité 2

Quand nous nous sommes installés à Tuscany dans notre petit appartement bateau, je n'imaginais pas combien je serais toute nostalgique de quitter cet endroit.Depuis six mois, je vis dans un tableau changeant qui me comble de bonheur. Mais jeudi nous déménageons.

De notre petite terrasse, la  nature guadeloupéenne m'a offert des moments d'extase paysagers, fixant dans ma rétine les images merveilleuses qui ont ponctuées de splendeurs mon bonheur de vivre ici, grandissant au fil des heures, au fil des jours, au fil des mois. M'attachant à ce pays intensément comme si le paysage qui rythmait mes journées était devenu un ami fidèle, répondant à mes interrogations sur la vie d'ici par de rassurants instantanés vivants et lumineux.

Granun ami fidèle

A l'aube, c'est le ciel pur qui illumine mon tableau de teintes argentées et de gros nuages bleus, les arbres et la mer ne sont encore que des ombres, il fait presque frais, tout est calme. Peu à peu, les nuages deviennent roses et tout d'un coup la lumière éblouissante envahit l'horizon, le soleil se lève sur la mer, répandant son or tiède sur tout le paysage. Tout est doré, même nous, qui prenons notre petit déjeuner face à ce spectacle quotidien, doucement baignés par la tiédeur de l'air. Les arbres se teintent de vert, la piscine n'est qu'une tache bleu clair alors que la mer devient un immense miroir vibrant ne renvoyant que des millions d'éclats orangés, nous réservant sa symphonie de bleus pour plus tard.

Dans la matinée, à l'heure où souvent les copines viennent boire le café, la couleur des palmiers s'affirme de plus en plus fort et deviennent presque jaunes, balançant leurs gracieuses chevelures de palme au dessus des buissons vert ardent couronnés par le rose et le jaune intense de leurs innombrables fleurs.

 

Au fil de la journée, le tableau change encore, n'en finissant pas pas d'afficher ses trésors. Avec la température qui monte les couleurs gagnent en contraste, en intensité. Cette fois, la mer fait naître les petits moutons blancs de ses vagues lointaines dansant joyeusement sur le camaïeu de ses eaux bleutées.

Les jours de très beau temps, on peut apercevoir, posée là au bout de la mer, la minuscule île de Petite-Terre et son petit phare blanc où nous avons nager avec nos premières tortues marines. Parfois quand il pleut (rarement!) ce sont les gros nuages gris que l'on voit arriver, avec leurs robes de pluie qu'on voit tomber sur les flots telles des traines de princesses et qui finissent immanquablement par nous tomber dessus quelques minutes plus tard. Mais, la plupart du temps, il fait un temps radieux dans mon tableau.

La piscine est comme un bijou turquoise et pur rehaussant l'écrin vert qui l'entoure. Il fait de plus en plus chaud. Mon tableau est vivant, car des dizaines d'oiseaux se posent ici ou là, sur les arbres mais aussi ma table, voire parfois rentrent dans mon salon. Ils agrémentent de chants joyeux mon paysage, tout comme les cris et les rires des enfants qui courent dans le jardin ou plongent dans la piscine avec les copains de la résidence.

Et quand vient le soir, les ombres s'allongent et peu à peu et le jardin redevient sombre sauf sur les derniers traits dorés du soleil couchant qui fait flamber le haut des cocotiers.La tiédeur revient, c'est l'heure tranquille où les oiseaux se taisent et où la piscine s'allume. C'est souvent aussi l'heure des devoirs...

En quelques minutes, l'encre de la nuit tapisse le fond de mon tableau, transformant mon fabuleux jardin en une masse sombre frémissant dans le vent doux. L'ombre des palmiers se détache tel un plumage noir sur le gris profond du ciel. On aperçoit aussi d'énormes nuages dont les dentelles duveteuses sont cisaillées par la clarté des étoiles. Elles apparaissent une à une, au rythme du chant mélodieux des grenouilles qui commence en cadence avec le tempo des vagues que l'on perçoit au loin. Seuls, quelques lampadaires et la piscine d'un turquoise fluorescent, dessinant sa jolie forme de Guadeloupe, leur répondent.Toute la nature est prête pour accueillir le clou du spectacle : le majestueux lever de la lune entamant sa folle course nocturne en plein coeur du tableau. C'est l'instant béni... et aussi celui de l'apéro!

J'ai aimé ce tableau chaque jour un peu plus, de la même manière dont j'aime tous les jours un peu plus la vie que je mène ici. La terrasse a abrité de nombreux bons moments en famille, avec maman, au téléphone avec certains d'entre vous, avec les amis auxquels ont s'est attachés, qu'on a retrouvés, mes moments de doute, mes moments de bien-être, mes moments de bonheur. Les personnes que j'ai rencontrées ici, ces vielles copines, qui m'ont appris a apprécier ce pays à travers leurs parcours souvent compliqués m'ont bercées de leurs gentilles bienveillances, sont allées de pairs avec mes premiers pas dans mon séjour en Guadeloupe.

Tuscany restera le symbole de ce commencement. La beauté de la nature a aiguisé mon regard sur ce que la vie peut apporté de beau si l'on veut bien regarder dans le bon sens. J'aurais pu aussi bien décrire la magie des collines bleues de Luzinay, tout aussi magnifiques dans leur genre, mais je n'ai pas toujours pris le temps de regarder mon paysage habituel comme un tableau merveilleux offert par la vie. Je tacherai de ne pas oublier à l'avenir de toujours regarder les choses qui m'entourent comme un cadeau, de prendre le temps de les contempler, de savourer les nouvelles images qui s'offrent à moi comme on s'émerveille des découvertes d'un voyage, d'être émue par les perspectives que le hasard place sur mon chemin, tous les jours de ma vie.

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Comments

[Lattifa]

Tu vas bientôt nous faire pleurer, bon allez on se ressaisit et on continue de profiter.

Gros bisous.

[StephanieVandene]

Tu écris tellement bien ton attachement à la Guadeloupe ! As-tu pensé proposer tes services à l'OT ? Bises et laisse-toi emporter en toute confiance par ce vent qui te sera sans nul doute favorable.

[Karin]

Mon dieu que c'est bien écrit !!!! Tout ira bien dans votre nouveau logement pleins de grosssssss bisousssss a vous 5

[Mamilou]

Mon Dieu, Bébé, comme tu es lyrique au moment de quitter ce petit appartement où vous vous sentez tellement bien ! Je te comprends car lors de mon séjour chez vous j'ai tous les jours savouré le plaisir de m'accouder au balcon de votre terrasse-pièce-à- vivre avec un grand bonheur. Mais la vie réserve à ceux qui comme toi savent s'émerveiller du meilleur, l'occasion constante d'aimer et d'admirer ce qui nous entoure.

Alors, à la veille de votre déménagement sois optimiste car je suis sûre que vous trouverez dans ce nouveau logement tout plein de plaisirs des yeux ... et du coeur !

Manuelle