une belle journée d'anniversaire

4 mai 2015

Même si dans ma tête de blonde j'ai à peine trente ans, le temps passe et je voulais que le jour de mon quarante troisième printemps soit une journée spéciale, à la hauteur de ce que cette île merveilleuse pouvait offrir comme moment exceptionnel. Donc, nous avons décidé d'aller du côté de la plage de Malendure, sur basse terre où les ilets Pigeon offrent un des plus beaux jardins sous marin des Antilles puisque classéss comme réserve naturelle Cousteau.

Pour que l'aventure soit au rendez-vous, notre mission était de rallier ces petites îles inhabitées, à environ 2 km de la côte, en kayak et à la nage.

Après un pic nique bien light, où l'on peut aprecevoir ces fameux îlets derrière le Boquit (sandwich) dégoulinant de graisse de Sacha, nous voilà partis pour soit disant une petite vingtaine de minutes de rame. Stéphane aux pagaies avec Samuel et Paloma en guise de stabilisateurs sur le Kayac, Sacha et moi, à côté, à la nage en palme masque tuba.

Cette traversée en mer me paraissait tout à fait facile même si l'on m'avait bien prévenu qu'à un certain moment, il y avait plus de quarante mètres de fond et qu'à travers mon masque je ne verrais plus que du bleu... Tout d'abord émerveillés par cette randonnée inédite nous avons nagé au dessus des gracieuses tortues marines qui semblaient voler entre nos palmes et le sable blanc. Puis, finalement assez rapidement, le fond est devenu bleu avec des ombres à droite et à gauche et aussi des micros organismes translucides qui ressemblaient à des mini méduses. Il n'en fallait pas plus à Sacha, qui en plus, avait perdu son tuba par inadvertance, pour monter sur le kayak "aider" son père à pagayer et se sentir plus rassuré, tout en augmentant le poids de l'embarcation... J'avais un peu surestimé mes capacités de nageuse et je proposais assez vite de propulser le kayak en palmant, en étant bien contente d'être accrochée aux miens dans toute cette eau.

Même si je devais ressembler à un leurre géant, c'était enivrant et assez magique d'être traînée par mon mari et mes enfants dans l'eau des Caraïbes! Surtout jusuq'à ce qu'une mini méduse translucide se coince dans le balconnet de mon maillot de bain, provocant une piqûre bien reconnaissable et pas très agréable. Du coup, je lâchais le kayac, heureusement nous arrivions enfin à proximité des îles, ayant transformé la 20aine de minutes de trajet prévue en une bonne 40aine...

Et là, ce fut comme si tous les poissons s'étaient donné le mot pour m'ofrir la plus belle des danse sous marine : perroquets et chirurgiens évoluaient par centaines dans un décor magnifique composé de larges fleurs de corail jaune ou oranger, alternant avec de long tubes verts, ondulant dans l'eau turquoise des côtes de ces îlots. On aurait dit qu'un invisible chef d'orcherstre rythmait les mouvements gracieux des poissons qui viraient, offrant leur flancs colorés et leurs délicates nageoires aux rayons du soleil faisant, briller leurs écailles de mille nuances de bleus, de rouge, de verts ou d'argent, d'un coup! Évoluant dans ces nuées multicolores et vivantes je savourais le bonheur de cet instant béni où entre l'azur du ciel, le turquoise de l'eau tiède et l'or du sable je virevoltais en apesanteur, nageant dans ce tableau sublime avec dans la tête la mélodie de "joyeux anniversaire"...

Moy

Le reste de la famille a accosté sur un des îlets, sur une trop jolie petite plage, quasi déserte, offrant un panorama splendide sur la rive de basse terre. Ses majestueuses montagnes verdoyantes accrochant les nuages, surplombant les eaux que nous venions de traverser. Ensuite c'est en famille que nous avons fait le tour de enchanteurs paysages sous marins. Je retiendrais les rires des garçons à travers leurs tubas, tout émerveillés d'un tel spectacle et une escapade avec Stéphane au dessus du tombant qui s'enfonce au plus profond de la mer des Caraïbes avec ses milliers de poissons remontant du bleu marine : un moment inoubliable! Inoubliable aussi car jouer les aventuriers à un prix.

Et c'est d'abord Stéphane et Sacha qui dans leur enthousiasme à observer ce jardin de corail incroyable, se sont brûlés sur des coraux de feu. Puis ensuite Samuel qui en arpentant les terres vierges des îlets à voulu sauver une guêpe. Bien peu reconnaissante, elle l'a piqué sur le doigt qui s'est alors mis à enfler de manière inquiétante. Pour couronner le tout, Paloma commençait à éternuer et je me suis fait une ampoule au pied à force de palmer. Il fallait sérieusement envisager de rentrer. D'autant plus qu'il était tard et que le retour s'annonçait sportif avec le vent du soir qui montait dans les tours.

Comme je ne pouvais plus palmer, ni m'accrocher au kayac (à cause de la pique de méduse qui m'enkilosait le bras), Sacha fut désigné volontaire d'office pour nager dans l'eau. Stéphane et moi aux pagaies pour donner le maximum de puissance à l'embarcation, Paloma coincée entre mes jambes, mi pleurnichant, mi dormant, Samuel à l'avant râlant comme à son habitude d'autant plus que son doigt continuait à enfler, comme les grosses pattes des bébés Saint-Bernard, tout à fait démesuré par rapport au reste de son corps.. Et c'est là que j'ai pris conscience que le plus beau cadeau de la journée serait juste que nous puissions regagner le rivage, avant la nuit et sans autres dégâts!

Le vent du soir nous poussait vers le large renforcé par la houle qui avait décidé de se lever ce soir là, sans doute pour mon anniversaire... Nos efforts pour ramer était de vraies leçons d'humilité sur la petitesse de la condition humaine face aux éléments, tellement nous avions l'impression de ne pas avancer. Sacha qui n'avait en fait pas du tout envie d'être dans l'eau avec la lumière qui déclinait s'appuyait si fort sur le canoë qu'il nous ralentissait, Stéphane et moi n'étions pas très coordonnés,malgré nos tentatives de comptage comme dans les films, essayant de rester calmes face à cette situation un peu inquiétante et aussi face à Samuel qui continuait à râler et à enfler, à Sacha qui tentait de léviter pour avoir le moins possible de membres dans l'eau, à Paloma qui pleurait carrément depuis moment où une petite averse de pluie l'avait réveillée, pour pimenter l'affaire, avec comme seul choix d'y arriver car, pour ccouronner le tout nous étions bien sur les seuls dans ce décor grandiose, cet entre deux terres bleu et vert, à ne devoir compter que sur nous-même : une belle métaphore de vie de famille! Heureusement les cocotiers de la plage se sont enfin matérialisés dans l'or du soir et nous étions heureux. Comme dans les contes de Fées tout s'est très bien fini sur un sublime coucher de soleil dont cette magnifique côte sous le vent a le secret. (avec les îlets en fond)

Au dîner quand j'ai soufflé mon gâteau, fatiguée mais heureuse, je me suis dit que j'aimerais que mes quarante trois ans ressemblent à cette très belle journée d'anniversaire: de l'aventure, de la beauté, du sport, des rencontres, le tout avec ma merveilleuse famille qui s'exprime certes, mais qui sait savourer un magnifique coucher de soleil après une sacrée randonnée dans la douce lumière du soir, ensemble, enfin arrivés à bon port!